Intro
Peintre belge
Sophie Cauvin
Les créations de Sophie Cauvin la peintre belge questionnent la matière en tous ses états, en ses métamorphoses. Composées à l’aide de matériaux naturels — sable, terre, cendre… —, privilégiant une palette de couleurs où dominent initialement le blanc, le noir, l’ocre, le beige…, ses premières peintures déplient l’alphabet des origines, les strates de la durée. Plénitude et harmonie sourdent de toiles gravitant autour de figures géométriques sacrées (cercle, triangle…), d’archétypes primordiaux, de symboles. Des chiffres, des lettres, des phrases écrites à la main rythment des œuvres qui rendent la matière à sa danse, à sa vie. Numérologie secrète, inspiration alchimique, ouverture vers l’Orient participent à la proposition de paysages astraux tant extérieurs qu’intérieurs, de cosmogonies inédites conviant le spectateur à un voyage vers l’intemporel, vers les franges du jadis. Médium d’un cheminement spirituel, la peinture de Sophie Cauvin délivre une dimension initatique : chaque élément physique, eau, terre, feu, ciel, est doté d’une valence métaphysique que l’artiste peintre belge traduit plastiquement.
La portée spirituelle des oeuvres de la peintre belge surgit de la rythmique impulsée par les strates des matériaux, par les jeux entre ombre et trouée de lumière. Les griffures, les arrachages, les cautérisations visibles à même les toiles célèbrent l’explosion des formes. Les climats de violence, de tension présents dans certains tableaux ont pour contrepoint des séries où priment la sérénité, le dépouillement. C’est à remonter à un monde antérieur à l’homme, à creuser le sensible, la pâte des matériaux que surgit le souffle spirituel. Ramenant du sable des quatre coins du monde, l’artiste peintre belge élargit peu à peu sa palette de couleurs.
Par la tension rythmique des dépôts de temps rendus palpables, par les coulées de sable, les craquelures, les traces de pas, les figures du cercle, du triangle, nous descendons dans les plis de la durée, dans la genèse des choses, nous accédons à d’autres niveaux de réalité. Traversée par des voix immémoriales, Sophie Cauvin la peintre belge traduit ces dernières en paysages afiguratifs.
Dans ses œuvres récentes, Sophie Cauvin la peintre belge s’émancipe des formats donnés et travaille des toiles au format circulaire, trapézoïdal, octogonal, irrégulier, mais aussi des sculptures (en terre, en fer), des mobiles, des installations en céramique. Le choc des forces en présence sur les toiles noue la violence et la sérénité, l’agitation des vortex, des explosions cosmiques, des déflagrations d’énergie et l’éternité de proto-figures sacrées, du secret des nombres. Au travers d’une construction rythmique de l’espace, Sophie Cauvin met en scène le temps d’avant, le temps des origines de l’univers : sortant d’elle-même, la matière devient spirituelle. 
Sur certaines toiles de la peintre belge, « Vide quantique », « Vent astral », des cordes fines sont tendues, prolongeant le tableau sous forme de lignes projectives, déployant des polygones improbables sur une surface bruissante de matières noires, de terre rouge craquelée. L’espace n’est pas donné mais à construire, à habiter. S’avançant comme une quête des origines, la peinture délivre une expérience perceptive et permet au spectateur de se reconnecter avec une énergie cosmique, avec les forces de la nature.
Des phénomènes de calcination, des lueurs spectrales traversent les œuvres qui se jouent de l’équilibre, laissant fulgurer simultanément les puissances du chaos et les structures ordonnées dans un éternel combat de l’harmonie et de l’anarchie. Ordo ab chao.
Véronique Bergen